Pour parler à voix haute il faut avoir tout entendu, sinon…
Têtard, tout au plus est un hybride album-livre audio alliant poésie et musique expérimentale. Une composante en installation audio-visuelle a également fait partie de l’œuvre lors d’un événement en webdiffusion pour le lancement de l’album qui a eu lieu au Théâtre Aux Écuries à Montréal en septembre 2021. Le visuel est éphémère, les voix sont permanentes.
Le livre audio est mis en vente et diffusé sur la plateforme Bandcamp, habituellement associée à la musique. L’œuvre y est décrite comme étant « un monologue de sci-fi aqueuse pour quatre voix, piano et machines à bruit. » Elle se place dans un monde où « on ne prononça plus, on émit ». Disparition du langage, explosion du technologique dans la communication, des fréquences dans un univers lointain, mais pas tant que ça… S’y glisse certainement une satire de l’ère électronique où tout se prête au débat, surtout virtuellement.
L’œuvre est traversée par la thématique du deuil, qui est confirmée dans son synopsis :
Depuis les têtards, plus personne ne parle à voix haute au Vieux Verger. Tout le monde émet sa pensée via un système de résonances enfouies. Les têtes se confondent. On en vient à ne plus savoir qui pense quoi. / Dans tout ça, il y a Elle, une ex-championne de cyber-sports qui essaie de réorganiser sa mémoire autour de la mort de sa mère, de l’hospitalisation de son grand-père, d’un voisin qui l’agace avec sa génératrice d’ondes et de l’Autre, son avatar qu’elle n’arrive qu’à modéliser à son image. / Pour faire les différences nécessaires, Elle réapprend tranquillement à parler à voix haute, comme sa mère.
L’hybridation est aussi une thématique qui transperce l’œuvre, autant dans sa composition que dans le titre : le têtard, larve de batracien, est un entre-deux de métamorphose, un work in progress au même titre que le processus de transformation que l’on exprime au fil des chansons-poèmes.
Le livre audio est divisé en chapitres numérotés correspondant à des pistes qui sont accompagnées d’un court descriptif. L’information y a toujours le même format : Qui/Où/Quand/Pourquoi/Comment.
Traverser les souvenirs, critiquer, contempler, évoluer, changer. Un monologue intérieur. Plusieurs voix se partagent la narration, alternant d’un chapitre à l’autre. Ainsi, chaque chanson forme son univers indépendant, et les lier crée une histoire mise en abîme entre des temporalités différentes.
Chaque voix raconte-t-elle sa propre histoire? Ou se divisent-elles un grand récit, une mémoire collective? Poésie d’une mer ou poésie d’une mère? Les paroles collent à nos oreilles, sans pouvoir les arrêter sous nos yeux. Alors l’impression qui reste de cette traversée poétique est plutôt celle du bruit des vagues qui accompagnent les mots.
Le projet a été créé avec le soutien du Conseil des Arts de Montréal.
À propos du collectif Tôle
Tôle est amour métallurgique et surnaturel.
Formé en 2017 par Marie-Ève Groulx, Tôle est un collectif qui se concentre sur des œuvres de dramaturgie interdisciplinaire, en produisant des spectacles d’art vivant. Le collectif s’auto définit comme « “polystique”, il ou elle se déploie en largeur, comme une algue, pour se régaler du suc surnaturel de ses recherches et offrir au public tout le sérieux qui accompagne la joie de créer ensemble des univers trafiqués. »
Titre : Têtard tout au plus
Équipe : Marie-Ève Groulx, Maxime Brillon, Carl Matthieu Neher, Félix-Antoine Coutu, Flavie Lemée, Benjamin Prescott Larue, Navet Confit, Jean-Philippe Villemure
Date de parution : 16 septembre 2021
Lien vers le site de l’album audio : https://collectiftole.bandcamp.com/releases
Type d’oeuvre : Livre audio expérimental
Support(s) numérique(s) utilisé(s) : album digital (disponible sur bandcamp)
Lien vers le site du collectif Tôle : https://collectiftole.com/
Sources
Événement de lancement d’album
« Accueil éclair : Awards /collectif Tôle (Aux écuries) »