Laisse venir est une œuvre littéraire cartographique écrite par Anne Savelli et Pierre Ménard, inspirée de l’itinéraire des Autonotes de la Cosmoroute de Julio Cortázar et Carol Dunlop. Le projet, publié aux éditions de La Marelle, a pour but de rapprocher les parcours Paris-Marseille des deux écrivain.es. Ces voyages ont d’abord été réalisés sur Google Street View par les artistes afin de déterminer les endroits qu’ils visiteront, puis ils s’y sont rendus eux-mêmes ; leur création est un amalgame de sentiments et de souvenirs attachés autant aux lieux virtuels que physiques.
Pour leur projet, les artistes n’ont en commun que leur ville de départ, Paris, ainsi que leur ville d’arrivée, Marseille. Entre les deux, ils sont libres de vagabonder au gré de leur passé, de leurs souvenirs ainsi que des lieux qui les ont marqués. L’œuvre possède donc une forte dimension autobiographique. Dans son texte liminaire, « Paris », Pierre Ménard mentionne d’ailleurs : « Depuis Paris, passer par toutes ces villes où j’ai vécu, grandi, aimé, voyagé, dormi, rêvé, attendu, espéré.[1] » L’écrivain ajoute également, à des endroits stratégiques de ses textes, des liens hypertextes menant à son site personnel. De son côté, Anne Savelli n’hésite pas à préciser, en notes de bas de page, quels événements de sa vie l’ont menée à se loger ou à voyager à tel ou tel endroit.
Laisse venir se présente sous la forme d’une carte de train sur laquelle le trajet et les textes d’Anne apparaissent sur une ligne orange et ceux de Pierre, sur une ligne bleue. Les lecteur.ices peuvent soit lire aléatoirement les textes selon les lieux qui les attirent, puis revenir à la carte pour choisir une nouvelle ville, soit simplement appuyer sur la flèche pointant vers la droite, qui se trouve à la fin du texte, afin de lire le prochain. L’œuvre est construite d’une telle façon que si on décide uniquement d’appuyer sur la flèche, les textes s’alterneront entre Anne et Pierre, tout en suivant l’ordre établi par la ligne de train.
De ville en ville se côtoient les textes parfois narratifs, parfois poétiques des écrivain.es ainsi que leurs images tirées de Google Street View. Ces captures d’écran permettent d’attirer l’attention sur des détails de l’environnement et des photographies de Google, comme le visage flouté des passants, le reflet de la voiture prenant des photos, des paysages magnifiques, etc. Comme mentionné dans la préface, les lecteur.ices qui voyagent grâce à l’œuvre « n’ont rien d’autre à faire que tenter d’appréhender les événements, les lieux, les hommes, les textes ainsi : en les laissant venir.[2] »
- Titre : Laisse venir
- Créateur/créatrice : Anne Savelli et Pierre Ménard
- Maison d’édition : La Marelle
- Date de parution : 2014, réédition en 2017
- Lien vers l’œuvre : https://www.la-marelle.org/librairie/product/2-laisse-venir.html
- Type d’œuvre : Œuvre littéraire cartographique
- Support(s) numérique(s) utilisé(s) : EPUB3
[1] Pascal Jourdana, « Préface », dans Laisse venir, Marseille, La Marelle éditions, 2017.
[2] Pierre Ménard, « Paris », dans Laisse venir, Marseille, La Marelle éditions, 2017.