Bureaux-écrans d’écrivain·e·s : une exposition en ligne sur les coulisses numériques de la création

Bureaux-écrans d’écrivain·e·s, réalisation menée dans le cadre du projet de recherche ERC-HANDLING  (Writers Handling Pictures : A Material Intermediality [1880-today]) – Programme Horizon 2020 de l’Union européenne, est une « exposition en ligne » visant à montrer les coulisses contemporaines de la création et à comprendre en quoi les bureaux-écrans d’écrivain·e·s du XXI^e siècle déplacent ou perpétuent les usages les plus matériels du meuble-bureau traditionnel.

Se penchant tout particulièrement sur le rapport entre écriture et registre visuel, l’œuvre se présente comme un commentaire sur les fonctions, les usages originaux et les organisations spatiales particulières des bureaux numériques (desktop) d’auteur.ices belges, français.es et québécois.es, soit Antoine Boute, Thomas Clerc, Nicolas Dickner, Hélène Gaudy, Karoline Georges, Edgar Kosma, Caroline Lamarche, Pierre Ménard, Emmanuelle Pireyre, Cécile Portier, Charles Sagalane et Maude Veilleux.

L’œuvre porte également une dimension de préservation (de mise en archive) et sous-tend une « enquête exploratoire » étudiant notamment les dimensions symboliques qui imprègnent les gestes et les pratiques liés au bureau numérique.

« Ce projet atypique, qui est le fruit d’une collaboration entre les équipes du projet HANDLING (UCLouvain) et celle du Laboratoire NT2 (UQAM), ambitionne à l’avenant de montrer que le motif du bureau est particulièrement stimulant pour les auteurs et autrices, et que la forme du desktop, avec les arborescences de ses répertoires et son soi-disant fonctionnalisme, peut être investie de façon créative. De plus, la figure de l’écrivain·e au bureau, qui est une représentation traditionnelle – voire traditionaliste -, appelle à être revivifiée aujourd’hui de façon à mettre en valeur ces lieux intermédiaux comme des lieux de la littérature en train de se faire. »

Bureaux-écrans d’écrivain·e·s, Introduction, 2022, https://bureaux-ecrans.com/

D’entrée, la page d’accueil de l’œuvre reprend le motif d’un bureau d’ordinateur. De là, deux grandes lignes de parcours s’offrent aux utilisateur.ices : d’une part, via les douze icônes disposées de façon éparse sur l’écran d’accueil et menant chacune à l’univers d’un.e écrivain.e et, d’autre part, via la barre d’outils au bas de la page d’accueil. Cette barre latérale comprend une dizaine d’icônes d’accès alternatifs, soit Introduction, Carnet d’adresses, Citations, Vidéos, Outils d’écritures, Mindmaps, Appendices, Courriels, Coulisses, Terminal et Téléchargements. 

Bureaux-écrans d’écrivain·e·s s’affiche donc comme une structure évoluant en permanence, comme une mosaïque dénuée de hiérarchie ou de subordination des éléments entre eux. Entre textes et images, intime et public, réflexif et sensible, solennel et anecdotique, la lecture et l’exploration de l’œuvre sont tout autant rhizomatiques que l’est le bureau-écran avec ses répertoires comme des tiroirs et ses documents comme des classeurs.

« Il est donc ici question de se pencher sur ce que les écrivain·e·s ont à dire de leurs bureaux-écrans, pour mieux comprendre le rapport qui les lie à cet environnement de travail foncièrement hybride, multistrate, et encore relativement peu questionné. Leurs conjectures se déclinent en une diversité de formes textuelles, visuelles et filmiques. Captures d’écran, dessins, textes, échanges de mail, navigations filmées, sont autant de matériaux qui ont été mis à profit et transmis avec générosité par les auteures sollicité·e·s […] »

« Introduction », Bureaux-écrans d’écrivain·e·s, 2022. https://bureaux-ecrans.com/

Ainsi, tout au long de l’exploration des bureaux d’ordinateur des différent.es écrivain.es sollicité.es pour le projet, les espaces numériques dévoilent qu’ils ne font pas que prolonger la surface de travail du meuble-bureau conventionnel, mais peuvent aussi être des lieux d’inspiration et des réservoirs d’éléments collectés pour l’écriture. Non seulement ils démultiplient les possibilités spatiales et de connectivité, mais ils peuvent tout autant rendre compte des chantiers de création et des ouvrages « en cours ».

Les bureaux-écrans, véritables « magma[s] composite[s] » que pastiche formellement très bien l’exposition, peuvent d’ailleurs être des espaces esthétiques – ou d’esthétisation – par la manipulation et l’agencement de textes, d’images, de notes, d’icônes, de fond d’écran, etc.