Depuis 2006, la plateforme de micro-bloggage s’est diffusée dans nos habitudes. Si ce n’est pas, de prime abord, un environnement conçu pour la littérature, c’est un espace de lecture d’une grande densité textuelle.
Le réseau social propose les fonctionnalités habituelles de ce genre de lieu numérique : il est possible d’aimer, de partager ou d’envoyer du contenu vers d’autres endroits numériques, d’ajouter des médias ou des liens. La particularité de cette plateforme est la forte contrainte de longueur des publications, aussi appelées posts, limitée à 280 signes (elles l’étaient à 140 aux débuts de la plateforme). Les possibles narratifs et poétiques sont pourtant vastes entre combinaisons et écritures fragmentaires.
Toutes les formes littéraires sont abordées, du roman à la poésie en passant par la critique ou les revues ; tous les genres sont présents, des genres de l’imaginaire à la poésie naturaliste en alexandrins, du roman social au documentaire. La plateforme est un lieu d’automédiation, de promotion des productions dans d’autres lieux physiques ou numériques, des relais de discussion et du vécu, d’annonces de publications et de construction de communautés autour de lignes éditoriales ou d’œuvres. Si la pratique du fragment et des formes courtes n’a rien de nouveau, l’outil permet de prolonger les expérimentations et d’y confronter des pratiques contemporaines.
Quelques œuvres de twittérature
- Projet Bowary, du collectif Baraques Walden, qui réécrit Madame Bovary, un tweet à la fois.
- Les Nanofictions, de Patrick Baud, sont de courtes nouvelles fantastiques à chute. Elles jouent sur la brièveté du format pour concentrer le propos sur la surprise et l’inattendu.
- #dérive est un projet collaboratif, principalement québécois, proposant d’explorer les lieux en relevant l’inattendu et le remarquable.
- Patch Littéraire propose de son coté de revisiter les grands textes de la littérature en les hybridant, en leur apportant un élément incongru.
Pour retrouver plus d’œuvres encore : la page consacrée à la twittérature sur le Répertoire des écritures numériques.
Quelques lectures pour poursuivre la réflexion
- Fréchette, Jean-Yves, et Annie Côté. 2013. « Qu’est-ce que la twittérature ? » Québec français, no 168: 42‑45. En ligne : https://www.erudit.org/fr/revues/qf/2013-n168-qf0476/68659ac/
- Paveau, Marie-Anne. 2013. « Technodiscursivités natives sur Twitter. Une écologie du discours numérique ». Epistémè : revue internationale de sciences humaines et sociales appliquées / 에피스테메 9 (juillet): 139‑76. en ligne : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00859064
- Sciarrino, Emilio. 2014. « Les fictions numériques francophones aujourd’hui ». Revue Sciences/Lettres, no 2 (février). en ligne : http://journals.openedition.org/rsl/546