En 2017, le compte Instagram @amours_solitaires voit le jour. À cette date, Morgane Ortin, sa créatrice, est une jeune chroniqueuse et éditrice française de correspondances. Son concept est le suivant : partager chaque jour de réels messages d’amour — brefs ou longs, poétiques, amusants ou érotiques, accompagnés ou non de réponse(s) — qui témoignent qu’on en écrit encore de nos jours. Ces messages réactivent ainsi, à l’heure du numérique, une riche et longue tradition épistolaire des siècles passés.

Morgane Ortin récolte ces nouvelles « lettres » que des milliers d’utilisateurs et d’utilisatrices ont bien voulu lui confier à partir d’un site Internet prévu à cet effet. Fier de son succès, le compte Instagram avoisine, cinq ans plus tard, le million d’abonné.es.

De ce vaste recueil de messages amoureux 2.0 sont nés deux livres sous format papier, parus en 2018 et en 2019 aux éditions Albin Michel. On peut feuilleter celui de 2018 ici. Le concept reste le même, à une exception près : Morgane Ortin a sélectionné des messages publiés ou non sur @amours_solitaires et les a assemblés de façon cohérente, de sorte de créer deux histoires à part entière.

Capture d’écran du premier tome d’Amours solitaires publié chez Albin Michel.

En 2018, toujours sur Instagram, l’auteur lyonnais de bande dessinée Théo Grosjean entreprend de publier un feuilleton BD, L’Homme le plus flippé du monde. Cette série feuilletonnante s’inspire de sa vie quotidienne et plus précisément de son anxiété et de sa timidité naturelle. Au fil des 134 épisodes publiés sur son compte @theo.grosjean rassemblant 179 000 abonné.es, l’auteur se met en scène pour faire le récit de ses angoisses avec humour et sensibilité. À l’instar d’Amours solitaires, deux tomes paraissent, sous-titrés Petites terreurs du quotidien (2020)et Tentatives d’adaptation (2021) aux éditions Delcourt.

De l’écran au papier pour deux feuilletons Instagram

En plus de renouveler des pratiques anciennes, épistolaires et feuilletonesques, Amours solitaires et L’Homme le plus flippé du monde partagent une trajectoire similaire, un parcours commun : d’un support numérique, le réseau social Instagram, ils ont migré vers un tout autre espace, le livre imprimé. Ils ont fait l’objet d’une réédition, plus encore d’une remédiatisation, notion théorisée par Jay David Bolter et Richard Grusin dans leur ouvrage Remediation: Understanding New Media.

Au cœur de ce concept qui fait référence au déplacement d’une œuvre d’un support à un autre, on trouve, comme l’explique Arnaud Laborderie « celui de “reconfiguration” (refashionning), caractérisé par la reprise, la répétition, la trace, implicite ou explicite, de l’ancien média dans le nouveau. » Par conséquent, cela nous invite à étudier la façon dont les caractéristiques et les formats numériques disparaissent ou à l’inverse, se réincarnent dans les livres papier. Les choix auctoriaux et éditoriaux originels sont-ils conservés ou nécessairement modifiés sur papier? Les publications imprimées tentent-elles d’imiter les spécificités des supports numériques ou de s’en affranchir? Ce passage du numérique au papier se traduit-il par un appauvrissement de la création originelle? Ou au contraire, permet-il au livre de se transformer?

Point de départ, Instagram

Jeux d’écran

Au départ, Morgane Ortin d’Amours solitaires a choisi de publier les messages sélectionnés en l’état, c’est-à-dire sous forme de captures d’écran, choix qu’elle abandonnera rapidement au profit d’une esthétique uniforme. En effet, avant la fin de l’été 2017, elle partageait des publications provenant de Messenger, d’Instagram, de conversations SMS sous Android ou iOS, identifiables grâce à la police, aux couleurs et formes des bulles. Fin août 2017, Ortin décide de les retaper au préalable sur l’application Messages d’Apple. D’une part, elle élimine les coquilles, et d’autre part, elle les publie sous une même apparence : bulles bleues (messages envoyés, à droite), bulles grises (messages reçus, à gauche). Si les informations temporelles d’envoi (date, heure) sont supprimées, les mentions « Distribué » ou « Lu » sont quant à elles parfois conservées. En outre, Ortin ajoute les initiales « AS » pour Amours solitaires en bas à droite de chaque image de format carré, ce qui renforce également l’uniformité du fil.

Ce parti pris de publier les messages sous la forme de conversations bien réelles n’est pas sans effets sur la communauté lectrice. Dans une publication du 9 juin 2019, au message « J’ai oublié ta voix » répond un vocal de 19 secondes, matérialisé par des oscillations enfermées dans une bulle grise et un bouton bleu en théorie cliquable, permettant de lancer le son. Deux abonnées confient dans les commentaires être tombées dans le piège : machinalement, elles ont appuyé sur le symbole lecture de la bulle pour écouter le message, avant de réaliser qu’elles avaient sous les yeux une capture d’écran.

« Moi j’ai eu le réflexe de cliquer sur le message vocal 😅😅 »

« je me suis rendu compte que j’étais irrécupérable après avoir appuyé plusieurs fois sur le bouton play par réflexe »

Utilisatrices Instagram

Pour d’autres qui ne se sont pas laissé.es duper par le trompe-l’œil, ce vocal est synonyme d’un mystère à percer. Quel message peut-il bien renfermer ? Leurs hypothèses sont nombreuses en commentaires et leurs interrogations restent sans réponse.

« Alors les gars j’ai essayé de dire ” je t’aime ” dans un vocale et Cest la même fréquence que les traits [qu’] on peut apercevoir sur la photo donc il y a des chances que c’est ça »

« tellement de possibilités »

« vu la courbe… je parie plutôt sur un “voilà” »

Utilisateur·ices Instagram

Dans bon nombre de vignettes, Théo Grosjean s’amuse aussi à reproduire l’esthétique des conversations SMS ou de chat, mais dans son propre style et ses couleurs, le noir et le orange. Par exemple, plusieurs cases de l’épisode 42 « Montagnes russes émotionnelles » du 2 août 2019 représentent un cellulaire ouvert sur une conversation avec le personnage d’Auriane. Cette représentation subjective couplée à la mise en abîme d’un écran fictif (celui du personnage) dans l’écran tangible (celui de l’utilisateur.rice) renforcent d’une part, la sensation de voir à travers les yeux du personnage et d’autre part, l’immersion dans l’histoire. L’épisode 42 n’est pas le seul à imiter des interfaces numériques et à reposer sur ce procédé d’enchâssement. D’autres épisodes à l’instar de « Panic attack », parus en deux volets les 27 et 30 octobre 2019, s’inspirent de l’univers des technologies et mettent en scène Théo, sous une forme miniaturisée, dans le décor urbain d’un jeu vidéo.

Publier dans un carrousel

Penchons-nous sur une autre spécificité numérique. Théo Grosjean comme Morgane Ortin exploitent la fonctionnalité « album » du réseau social, un carrousel qui offre la possibilité de rassembler dans une unique publication (post) jusqu’à dix images, que l’on fait défiler tactilement de droite à gauche. Cette fonction semble particulièrement bien se prêter à la diffusion d’une bande dessinée, qui se compose par essence d’une série de vignettes matérialisant un mouvement dans le temps et l’espace. Elle invite l’abonné.e de L’Homme le plus flippé du monde à continuer la lecture d’un épisode en faisant glisser le carré suivant du doigt sur son écran.

Du côté d’Amours solitaires, l’option « album » joue un rôle similaire : elle garantit la suite d’un monologue, par exemple, ou d’un échange ne pouvant être contenu dans un unique carré, sans avoir à basculer vers une nouvelle publication. Si cette gestuelle modifie nos habitudes puisqu’on déroule traditionnellement une conversation SMS vers le bas, elle n’est pas non plus sans rappeler les pages d’un livre que l’on tourne.

Sur Instagram, la lecture repose par conséquent sur la combinaison et l’alternance de gestes différents : un mouvement horizontal pour faire défiler le fil de publications ; une gestuelle latérale pour passer d’une image à l’autre dans un même post. Le réseau social reconfigure et complexifie ainsi les pratiques lectoriales.

Arrivée, le livre imprimé

Après ce détour par Instagram pour cerner la nature et les spécificités des deux créations en ligne, on s’intéresse à présent au passage de l’écran au papier, au processus de remédiatisation des contenus du réseau social au sein du livre imprimé. Les interrogations que pose ce transfert concernent notamment les formats, mais également les problématiques de mise en page, de matérialité, etc. Comment passe-t-on d’une case carrée à la page rectangulaire d’un livre ? Quels choix esthétiques et techniques sont opérés ?

Jeux de contraintes avec la page pour L’Homme le plus flippé du monde

L’Homme le plus flippé du monde sur Instagram exploite le carrousel du réseau social, une fonction qui permet de relier les cases d’un même épisode entre elles. Si l’on réfléchit à un homologue en version papier, du point de vue de la forme plutôt que de l’usage, on pourrait penser que chaque carrousel s’apparente en quelque sorte à un flipbook. Cependant, le choix d’un format papier tout autre témoigne d’une prise de distance vis-à-vis de l’œuvre originelle : 15,6 x 23,1 cm pour le premier tome et étrangement un ou deux millimètres de hauteur supplémentaires pour le second.

Cette tentative d’éloignement n’est pas la seule. En effet, si le format carré est tout de même conservé dans cette version remédiatisée, en revanche, le nombre de cases varie : alors que la majorité des épisodes en ligne comportent dix cases, ceux des livres en contiennent presque tous onze. Autrement dit, les versions papier insèrent une case bonus par rapport à l’original.

Aperçu du tome I de L’Homme le plus flippé du monde. Sur la page de gauche se trouve les cinq dernières cases d’un épisode et sur la page de droite, les six premières d’un autre épisode.

On peut émettre l’hypothèse que dix cases imposeraient une répartition de six sur une page et de quatre sur l’autre, ou de cinq et cinq, si l’on conserve la taille définie pour les images (difficilement réductible pour des raisons de lisibilité). Dans le premier cas de figure, la deuxième page comporterait davantage d’espace inoccupé, ce qui provoquerait certainement un effet de vide. Dans le second cas, les deux pages incluraient deux lignes de deux cases et une ligne d’une case, ce qui produirait une rupture d’une page à l’autre, déstabilisant la lecture.

Mais pourquoi opter pour un nombre impair qui impose une nouvelle contrainte ? On peut alors voir dans ce choix des onze carrés la volonté de mettre en valeur la case finale d’un épisode : sa position centrée en bas de la page de gauche redouble l’effet de chute qui prête ici très souvent à sourire.

Jeux de disparitions, jeux d’imitation

Dans ce nouvel espace qu’est la page du livre, la mise en abîme évoquée précédemment disparaît. Il en est de même pour le trompe-l’œil du message vocal d’Amours solitaires, dont les livres empruntent désormais un format digest (14 x 21,6). Même si les deux tomes réutilisent l’esthétique des bulles SMS, le nouveau support papier ne convoque pas les mêmes réflexes que l’écran : la probabilité que l’on clique machinalement sur le bouton lecture du vocal est mince sur un support imprimé. Le vocal conserve néanmoins sa portée symbolique et sa part de mystère : il fait appel à l’imaginaire. On note par ailleurs que la durée du vocal a subi une modification, à l’instar du message qui le précédait : le vocal de 2 minutes et 2 secondes précédé du message « C’est ce que tu es en train de faire là ? J’ai oublié ta voix. » (p.18) dans le second tome remplace « J’ai oublié ta voix » suivi de la bulle sonore de 19 secondes d’@amours_solitaires. La perte des couleurs, due à l’impression en noir et blanc, renforce également l’écart qui se joue entre ces dernières et le réseau social.

Les livres de Théo Grosjean sont quant à eux imprimés en couleur. Le orange, le noir et le blanc d’Instagram restent identiques. Cela dit, les publications d’origine ne sont pas toujours conservées en l’état dans les deux tomes de L’Homme le plus flippé du monde. En plus d’ajouter une nouvelle case dans ses épisodes, il a modifié discrètement de nombreuses illustrations. Les personnages, qui restent toutefois parfaitement reconnaissables, sont dessinés avec d’autres traits, des décors sont davantage colorés, par exemple. Ces transformations s’inscrivent probablement dans un geste d’uniformisation des dessins, ces derniers ayant évolué au fil des années de publication. On peut y voir une autre lecture : un jeu des sept différences à l’intention des abonné.es passionné.es, des lecteur.ices les plus féru.es.

Tandis que Théo Grosjean a supprimé la numérotation initiale des épisodes dans ses livres imprimés, Morgane Ortin a créé un chapitrage dans ses deux tomes et inséré la date et l’heure des messages, soigneusement effacées sur @amours_solitaires. Ces deux ingrédients jouent un rôle fondamental. Ils permettent de distinguer le genre des deux objets : le compte prend la forme selon nous d’un recueil et les livres s’apparentent à des romans épistolaires revisités. Alors que le changement de l’ordre des épisodes dans les livres de Théo Grosjean n’engendre aucune incidence sur la lecture, il constitue l’essence même des livres Amours solitaires, donnant naissance aux intrigues.

Morgane Ortin confie dans les remerciements qu’elle a exploité les échanges de 278 contributeurs et contributrices pour réaliser le premier tome, de 285 pour le second. Sa démarche repose sur des techniques de découpage et d’assemblage, qui revisitent le « couper, coller » exploité dans de nombreuses disciplines, qu’évoque par exemple Jacques Lafon :

Couper, coller, voilà une chose si bien connue aujourd’hui qu’on n’en perçoit plus vraiment la métaphore. Une métaphore qui est empruntée soit au cinéma, au montage du film, soit aux arts plastiques. Pensez aux papiers découpés de Henri Matisse, aux montages graphiques de Kurt Schwitters et à certaines peintures de Pablo Picasso, ses sculptures aussi et les combine paintings de Robert Rauschenberg.

Jacques Lafon, dans « Faut-il encore une paire de ciseaux ? »

Par un geste individuel à la fois artistique et poétique de sélection et d’appropriation des messages d’autrui, la détentrice du compte @amours_solitaires parvient à créer deux œuvres inédites.

Jeux typographiques et d’espaces blancs

Enfin, deux dernières caractéristiques soulignent une distance entre les supports numérique et papier d’Amours solitaires.

La première consiste en un jeu typographique qui n’existe pas dans le recueil en ligne. Le second tome, à la différence du premier, s’articule autour des conversations de trois personnages, et non plus de deux. D’un côté, l’échange entre un homme et une femme, de l’autre côté, la discussion entre cette femme et sa mère. L’introduction du troisième personnage et, par extension, de cette seconde discussion SMS se matérialise par l’écriture des messages en italique, utilisée aussi bien chez l’émettrice que la réceptrice. Le choix stylistique n’est pas anodin. On peut penser qu’il permet d’éviter la présence de didascalies ou de notes de bas de page, destinées à indiquer l’identité des personnages — précisions qui risqueraient de paraître redondantes. Au regard de ce qu’explique l’Office québécois de la langue française, on peut encore imaginer que l’italique revêt une dimension symbolique, faisant écho aux pratiques épistolaires anciennes ou à des échanges intimes, familiaux dans notre cas :

Sur le plan stylistique, ses formes souples qui rappellent l’écriture à la main donnent à l’italique une connotation de dynamisme et de sensibilité. Les caractères italiques sont donc tout désignés pour les écrits associés notamment à l’expression personnelle, à l’intimité, au langage parlé, au témoignage.

La seconde spécificité convoque également des symboles et des imaginaires : il s’agit de la multiplication de pages (presque entièrement) blanches dans les deux volets d’Amours solitaires. Ces dernières qui ne renferment parfois que des dates, sont de temps à autre accompagnées de bulles contenant des points de suspension, qui signifient dans le langage des technologies que la personne avec qui l’on échange est « en train d’écrire ». Dans l’univers de la littérature, la page blanche représente la malédiction de l’écrivain.e en panne d’inspiration. Ici, ces pages quasiment vides peuvent également symboliser le temps qui passe comme le silence, ou encore marquer des pauses. Les trois points quant à eux, insérés dans ces espaces vides, traduisent possiblement une hésitation, un sentiment ou une réflexion. Dans tous les cas, ces espaces volontairement inoccupés tout comme ces bulles « en train d’écrire » sont une invitation à laisser libre cours à son imagination.

Bilan : deux expériences de lecture

Cette trajectoire et ce passage de l’écran au livre papier témoignent, dans le cas d’Amours solitaires et de L’Homme le plus flippé du monde, de la complexité du processus de remédiatisation. Plus qu’un simple transfert, il s’agit d’un remodelage et d’une restructuration des créations originelles, qui donnent lieu à des expériences de lecture distinctes sous format papier : une relecture d’une œuvre existante pour L’Homme le plus flippé du monde et une lecture de nouvelles histoires pour Amours solitaires.

Des démarches employées, des choix auctoriaux et éditoriaux opérés, il en ressort que la remédiatisation s’accompagne plutôt de contraintes pour l’un et qu’elle permet pour l’autre d’ouvrir le champ des possibles du livre. Quoi qu’il en soit, Amours solitaires et L’Homme le plus flippé du monde continuent d’emprunter un chemin commun. Depuis peu, les épisodes de BD de Théo Grosjean ont subi le même sort qu’Amours solitaires quelques années plus tôt : une adaptation sous forme de série (une websérie pour Amours solitaires, unesérie animée pour L’Homme le plus flippé du monde). Une autre voie reste donc à explorer : celle de leur retour à l’écran.

Pour lire les œuvres

Amours solitaires

  • Version Instagram : @amours_solitaires
  • Version livre : Morgane Ortin, Amours solitaires, Paris, Éditions Albin Michel, « #AM », 2018 et 2019.

L’Homme le plus flippé du monde

  • Version Instagram : @theo.grosjean
  • Version livre : Théo Grosjean, L’Homme le plus flippé du monde, Éditions Delcourt, « Shampooing », 2020 et 2021.

Bibliographie supplémentaire

  • Bolter, Jay David et Richard Grusin (1999), Remediation: Understanding New Media, Cambridge, MIT Press.
  • Laborderie, Arnaud (2021) « Du livre enrichi au livre augmenté. Les enjeux d’une clôture numérique », dans Le livre en contexte numérique. Un défi de design, Renée Bourassa (dir.), LivreNum, http://livre-defi-design.arcanes.ca.
  • Lafon, Jacques (2008) « Faut-il encore une paire de ciseaux ? » dans La littérature dépliée : Reprise, répétition, réécriture, Jean-Paul Engélibert et Yen-Maï Tran-Gervat (dir.), Rennes, Presses universitaires de Rennes, https://books.openedition.org/pur/35081.
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