1980. Un incendie suspect ravage un centre d’archives et laisse en cendres éparses des décennies de connaissances et de documents jusqu’alors précieusement conservés. Parmi ceux-ci, étrangement, l’entièreté des artefacts concernant la gazette des thanatologues, Le Chrysanthème, publiée entre 1920 et 1948 dans un tirage confidentiel réservé aux initié.es du milieu mortuaire québécois.

Par chance ou par malheur, difficile de le dire à l’heure actuelle, une personne – qui désire conserver son anonymat – a récemment trouvé , derrière les murs de sa demeure, certaines pages de ce journal des embaumeurs. Nombreuses sont trop endommagées pour être lues, mais d’autres sont lisibles, bien que parfois couvertes de gribouillis et de notes manuscrites. Comme si le précédent détenteur avait voulu élucider un code secret… Comme si, après avoir résolu une énigme, il avait souhaité cacher toutes les preuves…

Cette source anonyme, persuadée qu’elle avait en sa possession, au mieux, la clé d’un mystère insoupçonné et, au pire, un fragment précieux de notre patrimoine, a alors contacté Francine de Lathaar, une écrivaine et historienne réputée pour son intérêt envers les pompes funèbres. Elle-même descendante d’une famille hollandaise ayant fait fortune dans le milieu mortuaire, de Lathaar s’est saisie de l’affaire et a commencé ses recherches pour révéler au grand jour les secrets du Chrysanthème. La tâche, toutefois, se révèle plus ardue qu’elle ne l’aurait pensé.

Quelque chose me dit qu’il y a, sous la gazette des embaumeurs du Québec (et sa quasi-disparition!), un mystère que je n’arrive pas à élucider seule.

– Francine de Lathaar

De Lathaar sollicite donc l’aide de la population québécoise. Pour garder un contact simple et direct avec ses éventuel.les collaborateur.ices, elle entretient d’ailleurs un modeste blog, sur lequel elle publie sporadiquement ses réflexions et ses dernières découvertes.

Au son du piano, un, deux, trois, go!

Le 1er novembre dernier, Les autres jours, un organisme culturel qui s’efforce de créer « des rencontres et des échanges entre littérature, métiers du livre, arts visuels et numériques », inaugurait officiellement son nouveau projet, un feuilleton postal, énigmatique et fictif (bien que possédant un fort ancrage historique, supervisé par l’historienne Catherine Ferland) : Le Chrysanthème. Flirtant entre le jeu d’évasion papier et la littérature, ce dernier vous invite à plonger dans le méconnu milieu mortuaire québécois de la première moitié du XXe siècle.

Le lancement prenait place dans l’espace créatif des Autres jours, sur la rue Saint-Joseph à Québec, un lieu tout désigné pour l’occasion. Depuis les fenêtres, juste en face, il est possible d’apercevoir l’édifice qui accueillait autrefois l’entreprise de pompes funèbres Hubert Moisan, source d’inspiration du projet, dont une gravure dans la pierre commémore encore l’emplacement. 

Dans cette atmosphère somme toute macabre, bercés (ou angoissés) par la musique du pianiste Frédérick Desroches, les convives étaient invité.es à prendre part à plusieurs petites activités prévues par l’équipe : la fabrication de signets mortuaires à leur effigie, la consultation de l’inquiétant livre des morts Beyond the Dark Veil des Thanatos Archives ou encore la signature réflexive d’un Livre d’or qui interrogeait la définition d’une « bonne mort ». Néanmoins, cela n’était pas la raison principale de notre présence.

À cette soirée, en primeur, il était également possible de s’abonner et de mettre la main sur la première enveloppe du Chrysanthème, sans s’importuner des délais postaux. Cette enveloppe contenait la première impression de la gazette Le Chrysanthème, mais aussi d’autres documents jugés pertinents par Francine de Lathaar, notamment une copie de la lettre anonyme qu’elle a reçue ainsi qu’un exemplaire du Règlement de la Confrérie de l’adoration perpétuelle du S. Sacrement, et de la bonne mort. À quoi cela servira-t-il ? Nul ne le savait, mais une chose était certaine : la résolution de cette enquête à long cours – cinq mois pour être précis, la fin étant prévue pour avril 2024 – pouvait commencer.

Trouver tous les indices ne sera pas une mince affaire… surtout qu’il s’agit seulement du premier envoi ! © Claudie Létourneau

Si vous avez manqué le lancement, n’ayez crainte, il n’est jamais trop tard pour rejoindre l’enquête ! En vous abonnant au Chrysanthème, non seulement vous recevrez directement à votre porte, par la poste, les cinq fac-similés de la gazette, mais aussi une multitude d’artéfacts, dénichés par Francine de Lathaar elle-même, qui pourront vous aider à résoudre cette énigme mortuaire. Sa résolution, toutefois, n’est pas garantie : seuls les yeux les plus avisés et les esprits les plus vifs parviendront à lire entre les lignes et à déceler le vrai du faux, l’essentiel du facultatif, le code secret du simple texte.

Dans les prochains jours, je vous ferai parvenir une enveloppe contenant une copie du premier numéro du Chrysanthème ainsi que quelques documents qui pourront vous aider à mettre de l’ordre dans tout cela.

– Francine de Lathaar

Pour vous abonner : https://lesautresjours.com/chrysantheme

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