À la question « How does the book form explore your family lineage and the themes of memory and in-betweenness ? », posée par Liz Ikiriko lors d’un entretien qu’on retrouve en annexe à la fin du livre, Mallory Lowe Mpoka répond :
The book is a wonderful medium to make sense of all these fragments in one place. [Architecture of the Self : What Lives Within Us] rearranges self-portraits, ancestral photographic archives, and landscape photographs and uses poems to tie everything together. Poems are a beautiful way to fill gaps, build bridges, and help us imagine what sometimes seems intangible. (p. 125-126)

Architecture of the Self se donne à lire, à voir, à entendre et à découvrir comme une quête de tous les éléments qui ont joué un rôle, petit ou grand, dans la construction d’un soi. L’autrice, une Montréalaise issue du mariage d’un Camerounais et d’une Belge, cherche ses racines et ses ancrages dans les contrées d’origine de ses ancêtres. D’ailleurs, on apprend dans son récit qu’elle occupe le rôle de matriarche de sa famille paternelle depuis le décès de sa grand-mère, une position qui fait d’elle la gardienne de la mémoire et des archives familiales.
Mallory Lowe Mpoka travaille la photographie depuis l’âge de 15 ans, en faisant ainsi son médium de prédilection. Son approche de la photo est teintée par la vision de la théoricienne féministe Tina Campt :
Campt encourages us to engage with these photographs by attuning to all our senses, exploring not only the visual but also the sonic, tactile, and emotional dimensions of Black life conveyed through them. Her bold approach shaped my understanding, interpretation, and engagement with this medium, and fostered a deeper appreciation of my encounters with images. (p.11)
Le fil narratif de Architecture of the Self se construit donc avec des images, dont la lecture est orientée par des textes accompagnateurs et des poèmes. Ainsi, dans le passage où la narratrice informe son lectorat de son rôle de matriarche, on apprend également que cette nouvelle responsabilité a des répercussions sur la façon dont l’autrice considère l’image. L’autrice invite le lectorat à percevoir dans la photo davantage que ce qui peut être vu, à déceler l’histoire renfermée par chacun des clichés.
When they remain in families, photographs more often than not migrate with their holders. They are passed between relatives, imbuing them with renewed significance and value. I’ve been intrigued by traces of these movements, and by the way these photo-objects carry tales and stories, codes and melodies. It dawned on me that the absence of such remnants within our families can often leave gaps. (p.19)
Lorsque les images ne suffisent plus, des codes QR dirigent le lectorat vers une vidéo YouTube ou un fichier audio Soundcloud pour lui donner à voir et à entendre plus clairement le message de l’autrice. Le livre renferme aussi des pages au format inusité, qui montrent les rapports de grandeur entre différents éléments du soi, d’autres avec une ouverture pour cadrer une photo et retarder son dévoilement, et une annexe regroupant une entrevue de Mallory Lowe Mpoka menée par Liz Ikiriko ainsi qu’une traduction intégrale de l’œuvre en français. L’exploration du livre augmenté permet de capturer l’essence complexe de l’identité humaine en faisant appel à plusieurs de nos sens, tout en laissant sa place au côté imaginaire de la littérature.


Titre : Architecture of the Self : What Lives Within Us
Créatrice : Mallory Lowe Mpoka
Maison d’édition : Pièce jointe
Date de parution : 2024
Lien vers l’œuvre : https://piecejointeeditions.com/Architecture-of-the-Self-en
Type d’œuvre : Livre augmenté